SAVOIR DONNER

Publié le par Josie

SAVOIR DONNER

 

Connaissez-vous quelqu’un capable de donner de gros câlins à des millions de personnes depuis plusieurs dizaines d'années ? De prendre chacun sur son cœur comme s’il s’agissait de son propre enfant ?

Une telle personne existe. Il s’agit de Mère Amma, une Indienne infatigable qui transmet son amour à des centaines de personnes chaque jour.  La voir serrer contre elle tant de gens avec compassion et bienveillance m’émeut. Il est rare d’observer un don aussi inconditionnel.

Comment fait-elle pour faire preuve de tant de générosité sans s’épuiser ? Elle serre dans ses bras des inconnus sept jours sur sept, 15 heures par jour, depuis 35 ans… sans que sa vitalité et son enthousiasme soient affectés!

En occident, pour ne pas nous épuiser, nous avons plutôt tendance à faire le contraire de Mère Amma. Devant les sollicitations de toutes sortes, nous nous protégeons en érigeant une forteresse. Nous nous  protégeons de l’invasion au risque de nous retrouver vite avec les batteries à plat, n’est-ce pas ?

Lorsqu’on donne facilement et généreusement, les risques sont encore plus grands, car on nous en demande davantage. Par exemple, prenons juste le côté professionnel : lorsque nous terminons un travail, fait de façon impeccable, bien avant les délais. Que va faire notre patron ? Nous en demander plus, dans des délais encore plus serrés!

Même chose avec notre entourage. Nous faisons quelque chose de peu commun dans une association, comme organiser une journée mémorable. Devinons qui sera désigné d’office pour réitérer le même exploit l’année suivante…

La solution consiste-t-elle à restreindre nos élans du cœur ? De nombreux livres et spécialistes de la gestion du temps accentuent le fait que le salut consiste à savoir dire « non ». C’est d’ailleurs l’option choisie par plusieurs. Mais nous nous en doutons, ce n’est pas la plus satisfaisante. À court terme, oui, pour éviter l'épuisement. Mais à long terme, on se retrouve avec le cœur sec, ce qui n’est pas mieux.

Prenons un exemple : qu’arrive-t-il à notre motivation au travail si on ne fait que se limiter à faire le minimum requis ? On devient blasé, frustré ou déprimé. On est alors peu enclin à vivre des relations satisfaisantes avec nos collègues ou nos clients et on ne vivra pas souvent d’expériences valorisantes. Il en est de même dans toutes les sphères de notre vie.

Quand on se réfugie dans la protection et la restriction du don de soi, on doit se serrer le cœur. Pensons à la dernière fois que nous avons refusé à l’autre notre attention, notre aide, notre compassion ou notre compréhension. Que s’est-il passé en nous ?

Certaines situations ne nous « arrachent-elles » pas le cœur ? Ou n’avons-nous jamais à « mettre notre cœur sur la glace » pour faire quelque chose ? L’imagerie populaire reflète bien cette réalité par laquelle on coupe le flot d’amour pour se protéger ou survivre. Tristement, on croit que ceci est inévitable, ou même pire, souhaitable. On valorise même les gens capables d’agir froidement, sans se laisser manipuler par les émotions des autres.

Mais comment faire autrement ?

Lorsque mes fils ont quittés la maison, j’ai pris quelques minutes pour observer ce qui se passait en moi.  J’ai gardé mon cœur bien serré pour éviter de ressentir les émotions qui s’y trouvaient. Sur le moment, je me suis privée de ressentir de la compassion, de l’amour et de la tendresse, tant envers moi qu’envers mes fils.  Or, ces sentiments ne se vivent que le cœur ouvert. Très vite, j’ai alors décidé de prendre le risque et d’ouvrir les vannes. Et l’effet a été instantané. De tendue et crispée intérieurement, je suis redevenue souple et paisible. Et surtout, j’ai senti l’amour m’enrober avant de couler vers l’extérieur et déferler sur chacun des garçons pour les entourer. Je me sentais proche d’eux.

J’ai remarqué qu’il semble toujours plus difficile de donner ce qu’on n’a jamais reçu soi-même. Prenons un exemple bien personnel. Enfant, ma mère n’a jamais été une présence attentive et aimante capable de me réconforter lorsque j’avais peur ou que je vivais quelque chose de perturbant. Lorsque j’ai eu des enfants moi-même, j’ai eu peur qu’il me soit impossible de donner ce que je n’avais pas expérimenté. Je croyais qu’il me fallait donner à partir de mes propres réserves, et comme les miennes étaient pratiquement vides, c’était très perturbant. J’ai été tentée de reléguer tout ça dans un coin de mon subconscient, qui aurait vite fait de reproduire les comportements de ma mère (souvent, le risque est grand de reproduire exactement ce qu’on détestait chez nos parents?).

Mais vous devinez la suite. J’ai plutôt fait le choix d’ouvrir mon cœur. Du coup, j’ai pu faire le choix conscient d’être vraiment présente pour mes enfants. Plus j’ouvrais mon cœur, plus il m’était possible d’aimer de manière inconditionnelle et d’offrir à mes enfants tout ce qui m’avait manqué. C’était facile et agréable, et surtout, cela m’a permis de guérir de mes souffrances passées. Ce n’est pas l’amour des autres qui m’a guérie, mais l’amour que j’ai laissé circuler à travers moi.

En choisissant de vivre le cœur ouvert, j’ai commencé à vraiment pouvoir donner ce que je n’ai jamais eu. Et j’ai pu donner sans m’épuiser. Au contraire. En recevant, l’amour en moi et en le transmettant ensuite, je me remplie de joie et d’énergie. Je suis certaine que c’est ainsi que Mère Amma arrive à poursuivre avec autant d’énergie sa mission. Elle ne donne pas l’amour, elle le reçoit puis le transmets.

Le hic c’est que, comme pour les ondes radio, il faut allumer le récepteur pour pouvoir capter les ondes et les transmettre de manière à entendre la musique. Bref, il faut être une radio ouverte! Un cœur ouvert…

La vie met sur notre route à tous mille occasions par jour de serrer notre cœur ou de l’ouvrir. Que ce soit le passant que nous ignorions ou à qui nous offrons un sourire, notre enfant que nous "envoyons sur les roses" ou que nous prenons contre nous, une collègue que nous critiquons ou pour qui nous nous réjouissons, toutes les occasions sont bonnes pour choisir d’ouvrir notre cœur et de transmettre l’amour.

Avez-vous des exemples où le fait d’ouvrir votre cœur a tout changé ?

 

SAVOIR DONNER
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article