LES BONNES NOUVELLES

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Les jeux sont des activités humaines qui répondent à des règles bien définies et impliquent un ou plusieurs joueurs. Originellement, ils étaient tout autre chose que de simples divertissements. Cependant, même sous leur forme ludique actuelle, ils conservent certains aspects de leur caractère sacré originel.

Dans les temps anciens, les jeux constituaient un rite social mettant en rapport les êtres avec le monde environnant et les dieux. Ils pouvaient servir de support aux pratiques magiques et divinatoires, mais cherchaient toujours à maintenir la cohésion de la société et l'harmonie de l'être avec le monde des dieux. Quand ils recouraient au hasard, les jeux ne faisaient que traduire le caractère impénétrable de la Volonté divine.

Qu'ils recourent au hasard ou non, les jeux revêtent de nombreux aspects symboliques depuis longtemps oubliés. Au travers de trois exemples contemporains, nous allons voir en quoi les jeux constituent des images du monde:

1. Dans l'exemple du jeu de cartes ordinaire, quatre joueurs sont généralement assemblés autour d'une table carrée représentant la Terre. Ils occupent symboliquement la position des quatre points cardinaux et jouent dans le sens des aiguilles d'une montre ou du mouvement apparent du soleil au cours de son cycle diurne. Cette conformité entre Terre et Ciel reflète l'harmonie de l'être avec le Cosmos dont le soleil occupe le centre. Les partenaires du jeu correspondent aux axes N-S et E-O et associent tous deux la lumière (S et E) à l'obscurité (N et O). La disposition des joueurs ne repose pas en conséquence sur une opposition, notamment entre lumière et obscurité, mais sur la complémentarité à la base de la représentation du monde terrestre où il n'y a pas de lumière sans obscurité ni d'obscurité sans lumière.

2. Nous retrouvons cet aspect dans les jeux recourant à un diagramme. Il s'agit le plus souvent de jeux de stratégie guerrière ou non impliquant deux joueurs. Les échecs en offrent l'exemple le plus familier. Les couleurs des pièces et des cases de l'échiquier sont totalement inversées pour les deux joueurs. En conséquence, le jeu ne consiste pas en une confrontation entre noirs et blancs, mais entre noirs sur fond noir ou blanc et blancs sur fond blanc ou noir. Là encore, la complémentarité entre les deux couleurs va bien au-delà de leur simple opposition. Comme dans l'image du symbole yin-yang, il y a du yin (noir) dans le yang (blanc) et du yang (blanc) dans le yin (noir). Le jeu consiste à dépasser l'opposition caractéristique de la dualité pour rejoindre la complémentarité propre à l'unité. En ce sens, il s'agit d'un cheminement initiatique.

3. Dans la variante de la marelle dénommée “l'horloge”, l'enfant dessine sur le sol un cercle divisé en 12 secteurs horaires qui se rejoignent au centre où un deuxième cercle représente le “Paradis”. Pour jouer, il lance un palet dans la première case et le pousse de case en case jusqu'au Paradis en sautant à cloche-pied. Les 12 secteurs évoquent la ceinture des signes du Zodiaque qui enveloppe le Cosmos. Sauter d'un secteur à l'autre symbolise le passage d'un état de conscience à un état plus élevé avant d'atteindre l'état ultime de la pleine conscience, l'état paradisiaque de l'être centré ou unifié. La représentation du monde et de son cheminement initiatique s'apparente ici au parcours dans le labyrinthe et le trajet du palet au fil d'Ariane.

Ces seuls exemples montrent combien l'opposition entre adversaires masque la complémentarité des diverses facettes du monde et des êtres. Bien jouer importe plus que gagner. Le vrai joueur s'ouvre à toute l'ampleur du jeu, le gagneur ne vise que le résultat:

“Que chaque fin de partie te trouve toujours au-dessus de la mêlée;

Car lorsque l'Unique Grand Marqueur en vient à écrire sous ton nom,

Il inscrit - non que tu as gagné ou perdu - mais comment tu as joué la Partie. »

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